E-learning : Syphilis et Cinéma

Depuis 2016, les Universités de Genève (Alexandre Wenger, CineMed) et Strasbourg (Christian Bonah, MedFilm) collaborent pour explorer et analyser une série de films de propagande antivénérienne qui constituent une archive riche et prometteuse pour penser les liens entre médecine, maladie, médicaments et société au 20e siècle.

Les historiens redécouvrent aujourd’hui les films de propagande antivénérienne du début du 20e siècle. Produits par des officines d’État (p. ex. en France l’Office national d’hygiène sociale), ces films s’adressent généralement à des groupes de population précis (les soldats, les ouvriers, les femmes, etc.).

À l’heure où les cas de syphilis augmentent à nouveau dans nos grands centres urbains, ces films anciens permettent un dialogue entre le passé et le présent, et motivent une réflexion critique à la fois sur le statut des IST dans nos sociétés et sur les enjeux de la prévention.

Vous avez la possibilité ici de visionner quelques-uns de ces films de propagande antivénérienne anciens, et de visionner des commentaires vidéo brefs à leur sujet par des historiens, des spécialistes de santé publique, des cliniciens ou des juristes.

2018 Syphilis et cinéma : la prévention en temps de guerre

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, la santé sexuelle des soldats était une préoccupation stratégique. Les nations engagées dans le conflit ne disposant pas encore de la pénicilline, elles ont investi leurs efforts dans les films de prévention. Oscillant entre l’humour et le catastrophisme, l’exposition crue des lésions syphilitiques et la suggestion pudique, ces films véhiculent un message qui est à la fois hygiéniste, moral et populationniste. S’ils sont aujourd’hui méconnus, certains réalisateurs restent célèbres, comme John Ford deux fois oscarisé lorsqu’il réalise Sex hygiene. Et qu’en est-il aujourd’hui des liens entre les conflits armés et les infections sexuellement transmises ? En quoi les films anciens peuvent-ils éclairer notre présent ?

Le 22 novembre 2018

Avec des interventions de :

- Christian Bonah (Univ. de Strasbourg)

- Nelly Staderini (Médecins Sans Frontières)

- Daniel Palmieri (Comité International de la Croix-Rouge)

- Laurence Toutous-Trellu (Hôpitaux Univ. de Genève)

Vous pouvez regarder les films en ligne sur Medfilm :

- Ein Wort von Mann zu Mann (GER, Alfred Stöger, 1940; 32 min.)

- Sex Hygiene (US, John Ford, 1941; 26 min.)

- L‘ ennemi secret (FR, J.K Raymond-Millet, 1945 ; 25 min.)

Les interventions seront mises en ligne après la journée d'étude.

2017 Syphilis et cinéma : la maladie secrète

La maladie secrète – le secret, le non-dit, la dissimulation font partie intégrante de l’histoire de la syphilis et, plus largement, de celle des IST d’hier à aujourd’hui. A travers trois films de la fin des années 1920 nous souhaitons revenir sur les questions que pose une maladie perçue comme intime, parfois honteuse, cachée aux proches ou dont l’aveu est difficile ... hier comme aujourd'hui.

Le secret, le non-dit, la dissimulation font partie intégrante de l’histoire de la syphilis et, plus largement, de celle des IST. La syphilis avance masquée : d’une part parce que la variété de ses manifestations la rend parfois indétectable par le malade. D’autre part parce qu’elle a longtemps été considérée comme une maladie intime et honteuse qui doit être cachée aux proches : en faire l’aveu est difficile, alors même que la précocité du diagnostic est un enjeu de santé fondamental. Jusqu’à la découverte de la pénicilline, cette clandestinité de la maladie a favorisé le recours à de soi-disant “remèdes secrets”, présentés comme des panacées indolores et d’utilisation discrète. Aujourd’hui encore, la confidentialité et le secret de fonction peuvent mener les praticiens à des dilemmes éthiques, dès lors que la santé de personnes tierces est en jeu.

Les films antisyphilitiques de la première moitié du 20e siècle montrent la maladie mais pas la sexualité, qui doit pudiquement rester dissimulée aux yeux des jeunes gens. Le discours prophylactique qu’ils véhiculent voile autant qu’il ne dévoile : que peut-on dire pour prévenir, que faut-il taire pour ne pas inciter ? Pour les autorités politiques et morales de l’époque, la syphilis apparaît comme une tache d’impureté marquant une population, un opprobre qu’il faut cacher. Les prostituées, que tant de films incriminent, sont dérobées aux yeux de la population, cantonnées dans de discrètes maisons closes, ou reléguées dans la clandestinité. Enfin, la lutte contre la syphilis a motivé des expérimentations pathologiques, elles aussi marquées du sceau du secret.

 

Jeudi le 16 novembre 2017

Auditoire Gustave Julliard, Hôpitaux Universitaires de Genève

Avec des interventions de :

  • Bernard Hirschel (HUG)
  • Anja Laukötter (Max Planck Institute for Human Development, Berlin)
  • Sophie Delpeux (Univ. Sorbonne – Paris 1)
  • Antonella Cereghetti (avocate, Lausanne)

 

 

2016 Syphilis et Cinéma : Prophylaxie

À une époque où la syphilis était considérée comme un fléau social, contre lequel les remèdes traditionnels (thérapie mercurielle) et les découvertes nouvelles (chimiothérapies, dérivés arsenicaux) restaient peu efficaces, les films de propagande anti-syphilitique ont constitué une arme prophylactique moderne, originale et percutante.

Cette journée d’études Syphilis et cinéma autour de trois films anti-syphilitiques de 1918/19 est disponible ici. Redécouvrez ainsi ces étonnants films muets en noir et blanc, qui motivent une riche réflexion sur l’histoire de la prophylaxie, sur le statut des maladies sexuelles dans la société, et sur les représentations idéologiques qui peuvent motiver des politiques de santé publique.

Le 10 novembre 2016, Université de Génève

avec les interventions de

  • Christian Bonah, Université de Strasbourg
  • Alexandre Wenger, Université de Génève
  • Joël Danet, Université de Strasbourg
  • Anita Gertiser, KUKO - Dozentin, FHNW/HT
  • Steven Derendiger, Spécialiste en santé sexuelle, chef de projets / Office Fédéral de la Santé Publique
  • Laurence Toutous Trellu, médecin adjoint agrégée / HUG / Service de dermatologie et vénérologie