La soutenance de la thèse de Constantin Brissaud (Doctorant - SAGE/Strasbourg et ATER - CSO/Paris) intitulé
« La production internationale d'un sens commun réformateur. Concurrences expertes et argument statistique de la "crise" des dépenses de santé à l’OCDE (1972-2018) ».
aura lieu à Strasbourg
le 18 novembre 2019 à 14h,
en salle Ourisson de l'Institut Le Bel, 4 rue Blaise Pascal, Strasbourg.
Vous trouverez la composition du jury et un résumé (en français puis en anglais) à la suite.
Cette soutenance est publique. Elle sera suivie d'un pot auquel vous êtes cordialement invité·e·s. Afin de l'organiser au mieux, je vous prie toutefois de bien vouloir me prévenir de votre présence.
Jury :
- Christian Bonah, Professeur, Université de Strasbourg/SAGE (co-directeur)
- Jay Rowell, Directeur de recherche au CNRS, Université de Strasbourg/SAGE (co-directeur)
- Soraya Boudia, Professeure, Université Paris-Descartes/CERMES (rapporteure)
- Frédéric Lebaron, Professeur, ENS-Paris-Saclay/IDHES (rapporteur)
- Daniel Carpenter, Professor, Harvard University (examinateur)
- Brigitte Gaïti, Professeure, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne/CESSP (examinatrice)
Titre : La production internationale d'un sens commun réformateur. Concurrences expertes et argument statistique de la « crise » des dépenses de santé à l’OCDE (1972-2018).
Résumé : Depuis 1972, l’escalade des coûts de la protection maladie est un problème public objectivé par des statistiques internationales et comparatives, selon une nomenclature créée et maintenue à l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques). Outil de preuve, ces statistiques sont également un outil de gouvernement. Combinant observation de réunions internationales à l’OCDE, entretiens, enquête statistique, et analyse d’archives personnelles et institutionnelles, cette thèse réinscrit cette augmentation des coûts dans une triple problématisation : elle explique comment des statistiques économiques initialement réunies par un petit nombre d’acteurs ont pu, à la faveur du déclin de légitimité de l’Organisation Mondiale de la Santé dans les années 1990, devenir les statistiques légitimes, mondialement utilisées, sur la protection maladie. Elle analyse ce faisant comment le coût de la protection maladie est devenu, dans les politiques de santé des pays de l’OCDE, le problème public principal, devant la généralisation de l’accès aux soins. Elle montre enfin comment la profession des économistes de la santé, à la faveur de luttes professionnelles victorieuses contre les médecins et les épidémiologistes, a pu jouer l’international contre les légitimités nationales pour devenir la principale pourvoyeuse des problématisations et des solutions internationalement légitimes sur la santé. Contribution à la sociologie de l’économie internationale, la thèse analyse l’histoire des luttes qui opposent l’OCDE et ses agents aux autres organisations internationales pour la collecte des fonds des Etats. Elle met ainsi en évidence la structuration multi-niveaux (organisationnel, transnational et intergouvernemental) de l’expertise transnationale pour expliquer sociologiquement la « convergence » des systèmes de protection maladie des pays industrialisés, et la neutralisation structurelle des options de réformes disponibles. Elle explique ce faisant la genèse et les principes d’évolution du sens commun réformateur de la protection maladie.
Title : The international production of common sense for healthcare reform. Expert competition and statistic argument of the heathcare costs "crisis" at OECD (1972 - 2018)
Abstract : Since 1972, the OECD (Organization for Economic Cooperation and Development) has produced international health accounts that objectivize rising healthcare costs. Albeit a tool of proof, those statistics are also a tool of government. Combining the observations of international meetings, interviews, statistical surveys, and archive analysis, this dissertation analyzes rising healthcare costs through a triangular problematization : it explains how a little number of statisticians have, thanks to the decline of the legitimacy of the World Health Organization in the 1990s, become the producers of internationally recognized statistics. It analyzes how health care costs have become, in the OECD member countries, the main public problem, instead of the generalization of access to healthcare. Finally, it shows how health economcs, as a profession has offset international against national legitimacies, thus becoming the unique international professional provider of problematizations and solutions on healtcare. Contributing to a sociology of international economics, the dissertation gives the OECD its place in the international struggles that opposed the organization to others, for states’ fundings. It then shows how the multi-level structuration (organizational, transnational and inter-governmental) of this field of struggle explains the « convergence » of industrialized countries’ health policies, and the structural neutralization of the options of reform. It then explains the genesis and evolution of common sense for healthcare reform.