[Le Monde 01.01.2018] La nouvelle année ...

1 janv. 2018

Les humanités médicales dans le supplément éducation du Monde

L’enseignement de la médecine se veut plus humain

Des universités développent des modules ou des masters autour des humanités pour aider les futurs médecins à mieux affronter les bouleversements technologiques et sociaux en cours.

A l’heure où des robots s’invitent en salle d’opération et où les moyens à la disposition des médecins se perfectionnent à la vitesse grand V, les sciences humaines ont-elles encore un rôle à jouer dans la formation des soignants ? Plus que jamais, d’après Laurent Visier, professeur à l’université de Montpellier : « En gagnant du terrain, les technologies font émerger une foule de nouvelles questions sur le métier et ses pratiques. La médecine n’est pas seulement une discipline de sciences de la vie. Elle s’exerce dans des lieux donnés, au cœur d’institutions, en lien avec des confrères, et il est essentiel de prendre conscience de toutes les interactions qui en résultent. »
Voilà plus de vingt ans désormais que les sciences humaines font partie du concours de première année commune aux études de santé (Paces). « C’est la seule épreuve avec une phase rédactionnelle. On n’imaginerait pas que les médecins soient recrutés sans que soit testée leur capacité à écrire », pointe Laurent Visier. Selon l’enseignant-chercheur, le débat se situe aujourd’hui à un autre niveau : celui de la continuité de ces enseignements et de leur présence de bac + 5 à bac + 8.

Prendre la mesure de ses responsabilités
Au-delà des cours obligatoires en Paces puis en deuxième et en troisième année, certaines facs ont ainsi développé des modules facultatifs sur l’histoire de la médecine ou des ateliers pour accompagner les internes dans leur prise de fonctions, comme à l’université de Strasbourg. « Du jour au lendemain, leurs responsabilités changent complètement. Pour les aider à prendre la bonne distance, et ne pas souffrir avec tout le monde – sans non plus être insensibles –, on revient avec eux sur des situations vécues, telle l’annonce de mauvaises nouvelles », explique Christian Bonah, historien et médecin, qui vient d’ouvrir le master santé, environnement et politique à Strasbourg. « Au-delà des questions strictement éthiques, les sciences humaines permettent aux médecins de s’interroger sur leur place dans la société, en se penchant sur les inégalités d’accès aux soins, ou de réfléchir à leur communication, à travers l’éducation thérapeutique notamment », argumente-t-il.

Croiser les disciplines, de la science politique à la sociologie ou à l’anthropologie, c’est aussi ce que permet le master soins, humanités et société de Montpellier à une cinquantaine d’étudiants en médecine, en parallèle de leur cursus principal. « Les cours partent de travaux d’élèves sur des questions comme la souffrance au travail, la surprescription ou le big data et font intervenir des experts », note Laurent Visier. De quoi prendre du recul sur l’actualité.

 

Article par Aurélie Djavadi apparu dans Le Monde, 01.01.2018

 

 

 

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