Historique
La situation de Strasbourg est marquée par deux traits exceptionnels : une histoire médicale et un fonds documentaire en santé extrêmement riches ainsi qu’une longue tradition de recherche historique et philosophique. L’histoire de la Faculté de médecine, sa renommée internationale depuis la Renaissance et la richesse de ses bibliothèques font de Strasbourg un lieu de choix pour la recherche en histoire et en philosophie des sciences de la vie et de la santé. Les travaux d’Ernest Wickersheimer, de Georges Canguilhem, de Marc Klein, de Théodore Vetter et de Charles Marx témoignent par leur rayonnement national et international de cette tradition.
À l’heure actuelle, il existe à l’Université de Strasbourg deux structures complémentaires qui fédèrent les activités menées en histoire médicale et en sciences humaines et sociales en santé : un département de la Faculté de médecine (Département d’histoire et de philosophie des sciences de la vie et de la santé, DHVS) et une unité mixte de recherche (Sociétés, acteurs, gouvernements en Europe, SAGE-UMR 7363).
À la Faculté de médecine, dans le sillage des travaux de Marc Klein, Jacques Héran a été chargé de la conservation des Archives historiques de la Faculté (1971) et, en collaboration avec Georges Schaff, de la création d’un enseignement optionnel d’histoire de la médecine (1982). Un cycle de conférences d’histoire de la médecine (1984-1997) et un musée de la Faculté ont ainsi vu le jour. Par ailleurs, la Faculté de médecine a publié sous la direction de Jacques Héran un ouvrage substantiel consacré à l’Histoire de la Médecine à Strasbourg (1988-1997) et un périodique trimestriel Mémoire de la médecine à Strasbourg (MMS, 1996-2015).
De son côté, l’Université Louis Pasteur (ULP) s’est dotée en 1978, sous la présidence de Pierre Karli, d’une structure unique en France, le Centre européen d’histoire de la médecine (CEHM, 1978-2000). La vocation de ce centre de recherche universitaire était de constituer un lieu d’échange et de communication européen en histoire de la médecine. Sa direction a été successivement confiée à des enseignants-chercheurs de renommée internationale (Marcel Florkin, Pierre Huard, Mirko Grmek, Robert Halleux et Claude Debru). Par ailleurs, en 1989, lors d’une réorganisation des structures de recherche, l’Université Louis Pasteur a procédé à la mise en place du Centre de recherche transdisciplinaire sur les sciences et les techniques (CRTST, 1989-1993) sous la direction de Pierre Karli (1989-1991) puis de Michel Roos (1991-1993). Durant son existence, le CRTST a regroupé trois équipes de recherche strasbourgeoises dans le domaine de l’histoire, de la philosophie et de la sociologie des sciences, le Laboratoire d’épistémologie des sciences de la vie et de la santé (LESVS, Claude Debru), l’équipe CNRS Fondements des sciences (Hervé Barreau) et le Groupe d’études et de recherche sur les sciences de l’ULP (GERSULP, Baudouin Jurdant). En 1990, l’organisation d’un colloque intitulé « Nouveaux enjeux de l’histoire de la médecine » et la nomination de Claude Debru comme responsable du CEHM, ainsi qu’en 1991 la création de l’Association européenne pour l’histoire de la médecine et de la santé (AEHMS) avec son siège social à l’ULP, ont marqué une nouvelle étape de l’histoire et de la philosophie médicales à Strasbourg. En 1993, le CEHM et le LESVS connaissent une reconnaissance et une extension par leur intégration dans l’Institut de recherche sur les fondements et les enjeux des sciences et des techniques (IRFEST, UMR C 9949 ULP-CNRS) dirigé par G. Laustriat et ensuite par le William R. Shea. L’IRFEST regroupe ainsi à partir de 1993 trois équipes de recherche en histoire et en philosophie des sciences : le LESVS (ULP), le GERSULP (ULP) et les Archives Henri Poincaré (Gerhard Heinzmann) de l’Université de Nancy II. Par ailleurs, l’IRFEST prend en charge l’organisation d’un DEA « Sciences et Techniques. Histoire – Gestion – Enjeux » au sein de l’ULP. Depuis cette date, les activités d’enseignement, de recherche et d’organisation de colloques scientifiques par les membres du CEHM et du LESVS suivent un rythme soutenu. Depuis la réforme du premier cycle des études médicales en 1992-1993, le CEHM participe activement à la mise en place des enseignements de sciences humaines et sociales (SHS) à la Faculté de médecine de Strasbourg et aux réunions nationales de concertation concernant les SHS dans la formation médicale. En 1997, l’Institut de recherches interdisciplinaires sur les sciences et la technologie (IRIST, EP 2016 ULP-CNRS), sous la direction de Bernard Ancori, fait suite à l’IRFEST. En janvier 2001, l’IRIST est réorganisé autour de ses deux composantes strasbourgeoises (GERSULP et LESVS) et devient équipe d’accueil.
En juin 2000, la Faculté de médecine de Strasbourg consacre les activités de recherche, d’enseignement et de coordination européenne du CEHM par la création d’un Département d’histoire et de philosophie des sciences de la vie et de la santé (DHVS), qui succède au CEHM et que préside Jean-Marie Vetter. La responsabilité en est déléguée à Christian Bonah, maître de conférences en histoire et épistémologie des sciences de la vie et de la santé à la Faculté de médecine et à l’ULP.
Depuis le 1er janvier 2013, le LESVS a fusionné avec trois autres unités de recherche – le GSPE, Groupe de sociologie politique européenne, équipe de l’UMR PRISME, le CRESS, Centre de recherche et d’étude en sciences sociales et le CDES, Centre du droit de l’environnement de Strasbourg – auxquelles s’ajoutent des chercheurs de la Faculté de géographie, pour former le laboratoire Société, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE UMR 7363).