[Conférence] Du navire à la mine. La santé des travailleurs engagés en Océanie (fin XIXe – première moitié du XXe siècle)

4 Feb 2025
18h30 20h
Institut d’Anatomie Pathologique, salle 23, Hôpital Civil, Strasbourg

Du navire à la mine. La santé des travailleurs engagés en Océanie (fin XIXe – première moitié du XXe siècle)

Présenté par Marie Brualla Challet, Université de Montpellier Paul-Valéry, CRISES

Mardi 4 février 2025 18h30-20h00
Salle 21, Institut d'anatomie pathologique, Site de l'Hôpital civil de Strasbourg

Les conférences pourront également être suivies en ligne à l'adresse :

https://bbb.unistra.fr/b/mar-y4e-zng-hvx

Pour toute information : tvicente(a)unistra.fr ou 03.68.85.40.78

Résumé

Les conditions de travail des engagés, ouvriers des chantiers publics, des entreprises privées, mines ou exploitations agricoles, en Océanie française, constituent un champ d’étude et/ou d’action pour les médecins coloniaux qui s’inscrit dans un renouveau des préoccupations relatives à l’hygiène industrielle, et plus généralement aux maladies liées au travail, à partir des années 1860 et pour au moins un demi-siècle1. Envisagée dans une conception hygiéniste large, la gestion de la santé des travailleurs induit la prise en compte non seulement des conditions de travail mais aussi de transport et de vie, d’autant plus lorsqu’elle concerne des populations dont l’existence en Océanie est strictement encadrée et conditionnée par le travail pour lesquelles elles sont engagées.

D’abord, face au blackbirding, rapts de Néo-Hébridais pour les faire travailler de force dans les plantations australiennes ou en Nouvelle-Calédonie essentiellement, l’État tente d’interférer en nommant des médecins inspecteurs sur les navires de recrutement. Ensuite, dès les années 1890, les opérations de recrutement de Néo-Hébridais se tarissant, les autorités, de concert avec les grands patrons de sociétés privées océaniennes (SLN, CFPO…) se tournent vers l’Asie pour importer des travailleurs sous contrat. Ces sociétés emploient alors des médecins pour contrôler la santé des engagés, que ce soit lors du processus de recrutement, sur les navires ou sur les chantiers. Ils sont chargés de procurer des soins curatifs aux ouvriers, de prévenir ou de circonscrire les épidémies et de veiller aux conditions sanitaires adéquates en proposant, au besoin, des améliorations ou des aménagements des rations alimentaires ou des logements.

Toutefois, ces recommandations d’hygiène industrielle ou, plus largement, professionnelle, restent soumises au respect de la raison et de la liberté économiques qui, pour les patrons, mais aussi parfois pour l’administration coloniale, doivent rester prioritaires pour le succès de la
colonisation. Or, certains médecins, plus exigeants, s’attachent aussi à contrôler le respect de l’intégrité physique d’hommes et de femmes – et, qui plus est parfois, d’enfants – soumis à des contrats léonins. Ils peuvent alors se trouver en situation de porte-à-faux, tiraillés entre leur propre engagement pour la compagnie et leur volonté de dénoncer des pratiques et des conditions de travail et de vie néfastes et dangereuses pour les travailleurs.
Enfin, qu’il s’agisse de tuberculose, de béribéri, d’ankylostomiase ou de la peste, les travailleurs engagés, soumis en Nouvelle-Calédonie au Régime de l’Indigénat comme les autochtones, sont généralement représentés et dénoncés comme des contaminateurs, des vecteurs de maladies et d’épidémies, et le contrôle de leur santé est justifié non seulement pour leur bien mais, surtout, pour celui de la colonie.

Le programme, ci-dessous.

Related News

Back